Notre quatrième jour de marche est celui où nous avalons le moins de kilomètres. Il nous suffit de rejoindre le refuge d’Astraka, juché au sommet des pentes où nous avons bivouaqué, puis d’opérer une boucle sur les contreforts du massif du Tymfi, à destination du lac de Drakolimni.
En rouge, le tracé de notre quatrième jour de marche
Nous avalons en deux bonnes heures les 800 mètres de dénivelé qui nous séparent du refuge. L’ascension suit les rives du ruisseau du Lakos Amarouda, sur une montagne perdant progressivement en verdure jusqu’à s’apparenter à ses consœurs alpines.
Grimpe matinale de source en source
La forêt éparse et les hautes herbes…
…laissent bientôt place à des arbustes…
… qui se raréfient…
…et deviennent de simples épineux…
…auxquels la simple rocaille finit par se substituer
Au-dessus de nous, le sommet d’Astraka
L’abri de la source de Krouna
Krouna n’est situé qu’une grosse centaine de mètres sous le refuge, qui apparaît à l’horizon dès que nous reprenons la route. Il a été édifié à presque 2000 mètres d’altitude, sur le col de la crête de Koutsomitros, reliant les sommets d’Astraka et de Tsouka. Au-delà du refuge démarrent les pentes du massif du Tymfi, qui culminent au Gamila, sommet de Zagori. C’est la première fois qu’Ivonig et Sacha s’élèvent à une telle altitude à pied, la première fois qu’une randonnée leur fait découvrir la haute montagne.
Le refuge d’Astraka
Le refuge apparaît au loin
Les dernières rampes y menant
Sur la crête du refuge…
Ivonig savoure le panorama
Sacha et moi préparant un Yams dans le réfectoire
Après avoir rempli notre panse, vidé le sac et préparé la literie, nous partons à la découverte du lac Drakolimni.
Vers le lac de Drakolimni
Le lac se situe dans un renfoncement au milieu de la photo, à gauche du sommet de Ploskos
Le petit plateau que nous devons traverser pour l’atteindre…
…dont la première partie est rocailleuse…
…et la seconde herbeuse
Vue rétrospective depuis la montée finale ; à droite du sommet d’Astraka, le col où est juché le refuge
Du même endroit, vue nord-ouest, vers la zone que nous explorerons durant la phase retour
Le lac de Drakolimni repose au-delà des 2000 mètres d’altitude, barrière symbolique que Sacha n’avait pas encore dépassé, et Ivonig une seule fois. Ses rives sont partiellement enneigées. Depuis la pelouse inclinée formant sa berge orientale, la vue s’étend jusqu’au-delà du massif du Pinde.
Le lac de Drakolimni
Le lac vu du sud-ouest…
…du nord-ouest, avec, en arrière-plan, le Ploskos à droite et le Gamila à gauche…
…et du nord-est, avec l’Astraka à l’horizon
De la crête délimitant cette pelouse inclinée…
…la vue s’étend sur des kilomètres
Plutôt que de retourner directement au refuge, nous bifurquons à l’improviste vers l’autre bout du plateau qui nous en sépare et traversons ensuite dans sa longueur ses étendues fleuries. Particulièrement séduit par cette section, Sacha affirme ne rien trouver plus jouissif que de marcher en altitude sur terrain plat, assertion qu’il réitérera le lendemain et qui l’amènera, de retour en France, à partir seul à la découverte des hauts plateaux du Vercors.
Le long d’un haut plateau
Dans la descente préalable, un troupeau de chamois fuit à notre approche
Gros plan sur deux retardataires
Un plateau enchanteur…
…imbibé d’eau…
…tapissé de fleurs…
…encombré de rocs élimés…
…et sillonné de sentes parfois visibles
Au pied de la rampe nous ramenant au refuge, le lac de Xeroloutsa
Le raidillon pierreux qui conclut notre journée
La journée de marche a enchanté Sacha et Ivonig ; la soirée au refuge, beaucoup moins. J’ai déjà passé quelques nuits dans des structures de ce type, dans les Alpes (voir ici ou là) ou sur l’île de Tenerife (voir ici). Pour eux, c’est une première et après les bivouacs rustiques des premier et troisième jours, ils n’apprécient guère la compagnie forcée de dizaines d’autres randonneurs, dont quelques Français trop bavards, la gêne et l’exiguïté qui en résulte, la cherté et la médiocrité des plats vendus par les gardiens. L’un d’entre eux, nous voyant étendre le linge dont nous venons de faire la lessive, nous prévient avec assurance qu’il ne séchera pas durant la nuit, et même qu’elle le rendra plus humide encore. Nous persistons malgré tout dans ce qui nous semble être une mesure de bon sens et rions bien lorsque nous récupérons, au petit matin, des vêtements complètement secs.