Tour des montagnes du Liechtenstein (septembre 2018) – 1/2 – vers le sud

En route vers le sentier d’altitude du Stubaï, Sacha et moi faisons halte au Liechtenstein ; nous avons deux grosses journées pour en découvrir les hauts sommets.

Paradis fiscal et plus riche État d’Europe, le Liechtenstein est aussi l’un des plus minuscules. Sa partie occidentale, coincée entre la rive droite du Rhin et une crête montagneuse dépassant les 2000 mètres, est une étroite bande de terre totalement urbanisée. A l’inverse, sa partie orientale est un massif montagneux intact, dont la tranquillité est à peine troublée par quelques bergeries et une modeste station de ski. C’est cette dernière zone que nous allons entièrement explorer, au fil d’une boucle d’une quarantaine de kilomètres dont le tronçon aller, auquel ce récit est consacré, nous mènera vers le sud et la frontière austro-suisse.

Notre tour du Liechtenstein (lien openrunner) ; en rouge, notre marche vers le sud

Nous démarrons le trek en fin d’après-midi, à Steg, village paisible niché dans l’unique haute vallée du massif. Pour nous y conduire depuis la région lyonnaise, Sacha aura passé six heures au volant ; cela ne l’empêche pas d’avoir de bonnes jambes dans l’ascension du Schönberg, seul objectif d’une journée de marche faisant office de préambule. J’ai beaucoup moins la forme, lessivé que je suis par les trois nuits blanches au travail qui ont précédé notre voyage, et peine dans les premiers raidillons d’une grimpe qui s’adoucira en même temps qu’elle gagnera en majesté.

Le Schönberg

Steg

La chapelle de Steg, dédiée aux saints Wandelin et Martin

Depuis une bergerie sise à mi-pente, vue sur la station de ski de Malbun

Le sommet pointu des Drei Kapuziner, et derrière, celui plus arrondi du Schönberg

Sacha expose fièrement son short adidas sur les sentes nous menant au Schönberg

Du sommet, vue sur la vallée de Steg… 

et la barre rocheuse massive de l’Ochsenkopf

C’est à cet endroit que nous devons, par une sente joliment escarpée, repiquer vers le sud et le col de Sassförkle, un replat qui me paraît, à raison, propice au bivouac : nous y dénichons un espace spécialement aménagé pour y accueillir les campeurs, bien qu’aucune carte ne l’indique.

Une agréable fin de journée

Sacha attaque les pentes du Drei Kapuziner…

…sous le regard craintif de quelques chamois…

…puis celle du Stachlerkopf…

…parfois très érodées

Derrière nous, la silhouette douce du Schönberg

L’espace où nous bivouaquons…

…avec sa réserve en bois…

…et son trône de pierre

Le lendemain, nous cheminons continuellement vers le sud et la frontière suisse. Sur notre route, une série de pics marquants, dont les premiers sont le Spitz et surtout l’Augstenberg, qui culmine à 2358 mètres.

Vers l’Augstenberg

La station de Malbun

Une chapelle dans les hauteurs de Malbun

L’arrivée sur la crête du Spitz, dont la croix visible au loin signale le sommet

Sacha se dirigeant vers le Spitz

Sous le sommet du Spitz, le chemin de crête repique vers l’Augstenberg

Le Spitz vu des contreforts de l’Augstenberg

Du sommet de l’Augstenberg, vue nord-ouest vers Vaduz…

…vue nord vers l’Ochsenkopf…

…vue est vers le Spitz…

…et vue sud vers la suite du parcours

Au-delà du sommet de l’Augstenberg, l’arête oblique plein sud. Elle délimite alors le Liechtenstein et l’Autriche, tout en s’affaissant vers un col où a été implanté le seul refuge gardé du Liechtenstein. Bien qu’on y serve de copieux repas, l’oubli d’agent liquide nous contraint à contenir notre appétit.

Une halte frustrante à la Pfälzerhütte

La sente descendant vers la Pfälzerhütte, visible au col

Sur notre gauche, la pointe avancée du Gorfion

La crête est par endroit déchirée

La Pfälzerhütte, où les réparations ont débuté en vue de l’hiver

De l’autre côté du col, la crête remonte vers le sommet du Naafkopf, se dressant à l’intersection du Liechtenstein, de l’Autriche et de la Suisse. Plutôt que d’y grimper, nous pénétrons en Autriche et nous hissons tranquillement sur un plateau minéral particulièrement dépaysant.

Parenthèse autrichienne

Au loin, le replat minéral que nous visons

A notre gauche, une multitude de cimes autrichiennes…

…dont la plus majestueuse est le Schesaplana, qui tutoie les 3000 mètres

Le sentier, parfois paisible…

…parfois accidenté…

…débouche sur un plateau dépouillé…

…dont certaines roches tirent vers le rouge

Notre escapade autrichienne dure à peine une heure ; au col de Barthümel, nous basculons en territoire suisse.

D’Autriche en Suisse

Devant nous, le cordon montagneux faisant frontière entre les deux pays, dominé par le Tschingel

A gauche du Tschingel, le Hornspitz

Derrière nous, les cimes du land autrichien du Vorarlberg

…et devant nous, celles, innombrables, du canton suisse des Grisons

Sacha pavoisant à la frontière austro-suisse

Nous voilà de retour en Suisse, après une première aventure commune un an plus tôt Il s’agit à présent de s’infiltrer, quelques kilomètres plus loin, dans la vallée perchée de Fläscher Tal Radaufis, couloir s’infiltrant entre deux cordons montagneux et recelant plusieurs lacs sur les rives desquelles j’entends établir notre campement.

Depuis le col, nous apercevons déjà l’immense brèche qui va nous permettre de nous insinuer entre les montagnes ; entrée majestueuse que nous approchons par une série de pâturages, puis par un tunnel long et obscur creusé dans la roche. Arrivés sous la brèche, nous nous y hissons à travers un bois de pin clairsemé et remontons alors une vallée sauvage jusqu’à deux splendides lacs d’altitude.

La vallée reculée de Fläscher Tal Radaufis

Sacha pose devant la brèche, qu’on devine, derrière lui, entre les deux pics montagneux

En violet, le tracé par lequel nous atteignons la brèche ; en rouge, le passage préalable en tunnel

Sacha s’immisçant dans la brèche

Le bois où s’il s’enfonce s’étend…

…jusqu’à Vorderst See, le lac inférieur

Cinq-cents mètres plus loin, Mittler See, le lac intermédiaire

Si ce deuxième plan d’eau est idyllique, ses rives sont criblées de bouses ; étant trop las pour poursuivre vers le troisième, nous nous installons en amont, au bord d’un ruisseau.

Un bivouac fameux

Au bord du lac intermédiaire…

…une pelouse pleine d’excréments où nous renonçons à nous poser

Le site voisin que nous lui préférons…

…dans une vallée enclavée entre le sommet du Glegghorn, au sud…

…et, au nord, celui du Grauspitz, sommet du Liechtenstein

Nous nous endormons avant même la tombée de la nuit, le programme du lendemain étant particulièrement chargé.