Après cinq mois de marche dans les coins de nature les plus iconiques du continent, du lac de Côme aux Dolomites, de l’Islande aux fjords norvégiens, des Cinque Terre aux bouches de Kotor, ce serait faire l’original que de présenter la Zelengora comme la montagne la plus mémorable de mon tour d’Europe; en tout cas, elle aura plus que toute autre dépassé les espérances que j’y avais placé, telle le miroir inversé des décevantes îles Lofoten.
En rouge, les deux jours dans la Zelengora
C’est la première journée de marche qui justifie d’abord mon enthousiasme. Le plaisir y aura été constant, l’effort également (25 bons kilomètres et presque 2000 mètres de dénivelé positif).
Une grimpe d’approche dans une forêt regorgeant de sangliers et je débouche dans une première zoné saisissante, celles des lacs de Bare.
Autour des lacs de Bare
La forêt dont je m’extirpe
Dominé par le pic Planinica…
…et cerné de tourbes…
Le lac de Donje Bare
Quelques kilomètres en amont, au creux d’un cirque…
…le lac asséché de Gornje Bare…
…entouré de quelques mares
Fermant le cirque, le mont Uglješin…
…des pentes duquel j’apprécie mieux la cuvette de Gornje Bare, avec le pic Planinica en fond…
…à sa gauche, le pic Ardov…
…et plus à gauche encore, le sommet de Pleće
Du haut du mont Uglješin, la vue en arrière, somptueuse, porte jusqu’au mont Maglić, où je luttais la veille; dommage que le soleil me faisant face ternisse le cliché que j’en ai pris.
Plus seul que jamais, je poursuis ma route sur une crête herbeuse dont les flancs sont mangés par des feuillus orangés; à son terme, le mont Bregoć, second sommet de la Zelengora, bien qu’il dépasse à peine les 2000 mètres.
Sur l’arête du mont Bregoć
Je laisse en arrière la vallée de Gornje Bare…
…et crapahute dans l’herbe jaunie…
…vers un groupe sommital dont le mont Bregoć se détache à peine
La crête, d’abord aplatie…
…monte bientôt vers une barre rocheuse…
…que je contourne par l’ouest
De ce flanc, vue sur la crête parcourue…
…les vallées occidentales…
…et un sommet peu saillant…
…duquel m’apparaît, au nord, la suite du parcours
Les prairies gondolées, tourbeuses et dénuées d’arbres qui s’étendent à mes pieds rappellent furieusement les landes celtiques, celles du Pays de Galles notamment, qui comptent parmi mes paysages favoris. Baignées de la lumière faiblissante du soleil couchant, elles m’offrent un spectacle que retranscrit mal l’appareil photo.
Une fin de journée magique
Un crochet dans une cuvette inondée…
Et je débouche dans une vallée ouverte…
…riche en panoramas
Je trace ma route dans d’immenses pelouses…
…contourne l’étrange pyramide herbeuse de Stog…
…et finit ma course près d’un col routier, sous le préau d’un abri fermé
Ma couche installée, je m’accorde une balade digestive au lac Orlovac…
…qui repose au pied du pic homonyme
Le lendemain, le temps s’est dégradé et mon objectif du jour, le village de Kalinovik, est distant de 25 bons kilomètres. Ambitionnant d’y trouver refuge avant l’orage, je décolle dès l’aube et atteint, deux heures plus tard, le lac Štirinsko, le plus étendu et perché du massif de la Zelengora.
Clichés de ma grimpe vers le lac Štirinsko
Des landes environnantes se dégage la même impression d’immensité que la veille, même si l’absence de soleil en ternit la puissance évocatrice.
En fin de matinée, la pluie s’invite à la fête, au moment où des pierriers usants se substituent au sentier. Pas la meilleure manière de profiter de paysages pourtant frappants!
Les pierriers et cuvettes successives que je traverse sous un crachin intermittent
Au moment où j’arrive au pied du mont Lelija, sommet de la Zelengora, les nuages s’en emparent déjà et la pluie s’intensifie; je préfère m’exonérer d’un aller-retour pénible et fonce vers Kalinovik.
Le mont Lelija
Au hameau de Jelašca, je croise une première ferme habitée, après trois jours et 70 kilomètres de marche dans la nature.
D’une bosse voisine, j’aperçois enfin le village de Kalinovik.
J’y rencontrerai, pour la première fois, des Bosniens… Pour ce qui est des Bosniaques, il faudra patienter deux jours de plus!